Château de Beaulieu : Son histoire

 (Publié dans le journal LA MONTAGNE le 10/02/2014)

Replongeons dans le temps.Hors du temps. Il faut s'imaginer Chamalières en cette deuxième partie du 16ème siècle. La commune compte environ 180 habitations soit environ 800 habitants rassemblés essentiellement autour de l'Eglise Notre Dame. Catherine de Médicis, épouse du futur Henri II, achète Chamalières à la Couronne pour la somme de 2171 livres. Tout autour de cette petite bourgade , cinq domaines : Les Seaulces, La Saigne, Les Galoubies, Beaurepaire et Beaulieu. On les appelait « domaines » car ils pouvaient vivre en parfaite autarcie.

Beaulieu et son Manoir éponyme.« Il est difficile d'imaginer aujourd'hui que le Domaine de Beaulieu, appelé Chambellane à cette époque là était un fief d'une dizaine d'hectares : un Château, une cour, des bâtiments d'exploitation des écuries, caves et autres corps de logis. Le parc comprenait de vastes jardins d'agrément, de verdoyantes prairies arrosées par la Grande rivière (La Tiretaine nord), des bassins destinés à la pisciculture, des écuries, deux moulins et des basses - cours » explique Robert Vernet, président de l'association des amis de Chamalières.

Il se présente sous la forme de deux tours carrées formant avant-corps, reliées au corps principal par des murs auxquels s'appuient des escaliers menant aux étages des tours, formant une cour intérieure. Des douves en partie comblées entourent le manoir mais le pont levis fonctionne aujourd'hui avec des vérins hydrauliques et une télécommande empêchant tout accès. Ses toitures à grandes pentes, ses combles et petites tuiles plates font tout le charme de cette demeure.La salle à manger, semble t il l'ancienne chapelle ainsi que les caves sont est entièrement sous voûte. Des poutres apparentes dans les autres pièces apportent de la chaleur et de l'intimité.

 

« Construit semble-t-il au milieu du 16ème siècle par Gilbert Assolant, receveur Général des finances de la Généralité de Riom, il change plusieurs fois de propriétaires jusqu'à ce qu'en 1767, un original, du nom de François Guillaume Quériau vienne apporter à cette demeure une empreinte toute personnelle. » poursuit robert Vernet. « Avocat à Clermont, homme fort instruit, il fut le premier secrétaire de la société littéraire de Clermont. Cet adepte de la magie blanche, il demeura un personnage de comédie, prenant tout au sérieux en commençant par lui-même.

C'est l'un des personnages les plus fortunés de Chamalières.Il est à l'origine de plusieurs mémoires sur les défauts du thermomètre, les vices de «L'esprit des lois» et d'amères critiques sur le beurre rance d' Auvergne. Obsédé par l'idée de la mort et la peur d'être enterré vivant, il en écrivit même un mémoire, il fut enterré dans un cercueil avec tuyau d'aération et sonnette extérieure. Se querellant sans arrêt avec le chapitre de la cathédrale et l'évèque, jusqu'à la révolution il fut tout de même enterré au milieu de la nef de l'église Notre Dame le 18 mars 1803. Sa pierre tombale le dit recommandable par ses vertus et son zèle pour la religion. »

 

De nombreux propriétaires lui succèderont et les terres du manoir seront morcelées au fil du temps. De 10 hectares à la fin du 16ème siècle, il restera environ 3 hectares en 1880 et 2850m2 en 1953. Il appartient aujourd'hui à Marie -Anne Willoughby, chamaliéroise d'origine, qui a passé toute son enfance au château des Seaulces. Ces belles demeures chargées d'histoire, autrefois à l'extérieur de la ville y sont aujourd'hui au cœur. 810 habitants à la fin du 16eme siècle, 18000 aujourd'hui. Les immeubles et avenues ont poussé comme des champignons. Le château de Beaulieu est toujours là, majesteux.