Château de Beaulieu : Les dessous de l'histoire
(Publié dans le journal LA MONTAGNE le 10/02/2014)
Entrer dans ce château, c'est entrer dans l'histoire de France et de Chamalières en particulier. Il y a l'histoire sur papier et...Les histoires...les petites histoires croustillantes qui nourriraient le "Clother" d'aujourd'hui ! Celles qui se transmettent d'une génération à l'autre, d'un propriétaire à l'autre, qui se brodent et qui font la fierté de ceux qui en parlent. On en retrouve des traces écrites quelquefois mais insuffisantes pour qu'elles appartiennent à l' Histoire. Ce sont les histoires, les petites histoires. Elles ne sont cependant pas dénuées d'intérêt, au contraire.
La légende du pont du diable
Derrière le château, au fond du jardin, contre le mur qui longe le boulevard Voltaire, envahi par le lierre et la mousse, il est là : Le pont du Diable ! Ce qui est certain, c'est qu'il a été déplacé pour rester sur les terres du château de Beaulieu. Il traversait la Tiretaine nord, appelée la Grande Riviere ou peut être un bief non loin de l'endroit où il se situe actuellement.Ce petit pont est surprenant car il n a qu'un seul rebord, donnant facilement le vertige, surtout que la Tiretaine, avant d'être sous terre connaissait un sacré débit. C'est Amélie Murat, poétesse qui, dans son recueil «Le Rosaire de Jeanne» s'amuse de ce pont et semble provoquer Dieu. La légende dit qu'il eût fallu se signer avant de le traverser sous peine de laisser son âme au Diable.Mariette, la cadette, traverse en dansant dans son insouciance d'enfant. Elle est suivie de Jeanne qui fait un large signe de croix. Amélie Murat refuse de se signer comme par provocation mais tient solidement le tablier de sa soeur Jeanne et...Il ne se passe rien! Elle écrira :
« Mon défaillant vertige explose en un beau jeu,
Et la cueille au jardin sera plus délectable.
- Qu'il est doux d'avoir peur, un petit peu, du Diable
Lorsqu'on s'accroche à Jeanne et qu'on croit au Bon Dieu».
La Cheminée du salon du château
Cette cheminée est impressionnante de par sa taille. 2,30m de hauteur, 4 m de long, 80 cm de profondeur. Les armoiries ont malheureusement disparu à la révolution de 1789. Cette cheminée viendrait du Château de Bien Assis. Elle aurait été démontée pierre par pierre pour être placée au Château de Beaulieu avec semble -t- il un peu moins de profondeur qu'à l'origine. Si tel en est le cas, alors l'imagination s'envole. Assise sur le canapé de la pièce enfumée, juste en face de l'âtre chauffant et imprégnée de l'odeur tenace du charbon de bois qui envahit la pièce, l'oreille titillée par les crépitements on imagine Blaise Pascal écrire ses pensées ou élaborer un schéma scientifique.
Ce qui est certain, d'après Robert Vernet, président de l'assciation des amis de Chamalières, c'est que quelques siècles plus tard, un certain Valéry Giscard d'Estaing a été convoqué par Messieurs Aimé Martin et le Docteur Courty dans ce salon au sujet de la succession municipale de Mr Pierre Chatrousse.»