Les Jardins pédagogiques
(Publié dans le journal La Montagne le 18 juillet)
Depuis l’animation nature d’il y a 20 ans, visant à faire connaître et protéger la nature, l’éducation à l’environnement a progressivement élargi ses champs d’actions.
Des problématiques environnementales plus globales (pollutions, déchets, ressources…) puis sociales (rapports nord/sud, équité sociale, droits de l’homme, développement de l’individu…),économiques et culturelles, ont été prises en compte.
C'est dans cette optique que la ville de Chamalières a développé des jardins pédagogiques.Cette dynamique d’ouverture se poursuit et l’éducation à l’environnement s’intéresse actuellement autant à l’être humain et à l’organisation de la société, qu’à l’environnement naturel et physique. elle œuvre à former des individus épanouis dans un contexte social serein, sur une planète accueillante aujourd’hui et pour l’avenir. l’éducation à l’environnement est un moyen d'’agir pour un développement
durable des individus et des sociétés.
Audrey Staffolo anime l'un d'entre eux au cœur du parc Montjoly. elle y accueille les crèches, les écoles, les centres de vacances et se rend souvent à la maison de retraite des Savarounes pour partager sa passion et « faire faire ».
« Dans le jardin potager de Montjoly, on trouve des légumes, bien sûr, mais aussi des fleurs pour attirer les insectes, un récupérateur d’eau de pluie ( l’eau ? Un trésor ), et encore tout un tas de petites bêtes, si on gratte un peu le sol…au jardin, on sème, on repique, on plante, on désherbe, on arrose… et on goûte.
On découvre la notion de « bio-logique », ce mot détesté, à force d’être trop utilisé, qui veut simplement dire « faire en logique avec la vie »… faire avec la nature, pas contre elle.
Ici, pas de produits ni d’engrais chimiques, on fait confiance aux ressources du sol , et on apprend à connaître les plantes. on réalise qu’on peut les associer par affinités, pour une meilleure protection contre les maladies, ou pour booster la croissance : les choux apprécient les cosmos, ; les tomates, elles, ont deux meilleurs amis : le basilic et l’œillet d’Inde….ATTENTION À l’ail qui aime la salade, mais ne supporte pas les choux …
Ce jardin, c’est toute une histoire qu’il nous raconte, à nous, futurs consommateurs … »
Au cœur du parc Montjoly, se trouve aussi le jardin de la chouette où les enfants peuvent apprécier la diversité de la faune et de la flore.
« Les plantes qui pîquent, ou celles qu’on mangent, celles qu’on aime, celles qui dérangent…
Des carnivores aux médicinales, des toxiques aux aromatiques, ce jardin offre une promenade une botanique à portée des enfants. la mare du jardin de la chouette permet une escale pour découvrir une faune toujours extraordinaire : larves, têtards, grenouille, crapaud, poissons, et les jours de grande chance, tritons ou salamandre.il y a aussi ceux que l’on connaît et que l’on ne voit plus : les merles, les écureuils….il y en a d’autres que l’on ne voit jamais parce qu’on ne regarde pas, et qui sont pourtant juste à côté comme les bergeronnettes ou les libellules.
Apprendre à s’émerveiller de ce que l’on côtoie chaque jour. Apprendre à aimer pour mieux protéger. »
C'est avec cette passion dévorante et cette sensibilité hors du commun qu 'Audrey Staffolo prend le temps d'expliquer, adaptant sans cesse sa pédagogie à son public. elle initie au respect l'environnement, à la biodiversité et ses yeux pétillent à l'idée de responsabiliser les petits et les grands. ce jardin pédagogique est pour elle « un lieu de rencontre intergénérationnel privilégié où tout le monde est là pour jardiner ». qu’il soit potager, fleuri, anglais ou japonais, familial ou scolaire, d’insertion ou d’agrément, sous une rocade ou en centre-ville, le jardin prend racine dans la diversité des désirs. qu’on le formalise ou non, dans un jardin, on s’éduque toujours à l’environnement: La terre est là, avec les autres éléments, la vie, le cycle des saisons, le balai des insectes. C’est notre rapport au monde qui s’y joue et notre relation à l’autre. dans ce lieu à dimension humaine, on peut se projeter, s’approprier les choses, intervenir, se responsabiliser, visualiser les effets de ses actes... Toutes choses qui rendent palpables les notions de citoyenneté et
de développement durable.