Montjoly, Histoire du Domaine de Montjoli
(Article publié dans le journal La MONTAGNE le 16/11/2013)
Source : Robert Vernet
Il reste encore quelques chamaliérois pour se souvenir que le domaine de Montjoly était au début des années 50 un vaste domaine clôturé par de hauts murs, où de nombreuses familles bourgeoises clermontoises en villégiature se sont succédées. Au lendemain d’importants travaux de rénovation, quelle fut l’histoire de ce domaine ?
C’est au milieu du 16éme siècle que l’on retrouve les premières traces de Montjoli, figurant parmi les 5 domaines de l’époque qui sont aujourd’ hui devenus des quartiers (Montjoly, les Saulces, la Saigne, Beaulieu, Galoubies et Beaurepaire). Ce domaine était une unité d’exploitation agricole pouvant vivre en parfaite autarcie. Il s’agissait donc d’un domaine privé. Les archives signalent la présence de nombreuses vignes, de vergers et d’arbres à noyaux, d’une maison avec chambres, salles, cuisine, grenier, caves et écuries. Mais c’est en 1751 que le chanoine Michel Girard de la Batisse fit bâtir le « château » tel que nous le connaissons aujourd’hui, sans doute peu après son acquisition. Longtemps l’aménagement du jardin fut attribué à Le Nôtre mais il semble peu probable qu’à 85 ans, ayant quitté délibérément son service à Versailles auprès de Louis XIV, il vint dans une propriété lointaine effectuer un travail secondaire.
Dominant les environs sur son piédestal de basalte, cette demeure d’inspiration classique est composée d’un toit à la mansarde recouvert d’ardoises, de baies cintrées du rez-de- chaussée et d’un perron en fer forgé L’abbé Delarbre, ancien curé de Royat, naturaliste et directeur du jardin botanique de Clermont décrit le parc en 1800 : «De la porte d’entrée se présente trois magnifiques allées ; par une fente légère et radoucie, on arrive à une habitation isolée…La vue est bornée au levant, par les montagnes du Forez ; au couchant, par le Puy de Dôme…au midi et au nord, ce sont de riches coteaux de vignes . » Sous le second empire, le Duc de Morny et le prince impérial, fils de Napoléon III y firent même plusieurs séjours.
A la fin du XIXème siècle, on envisagea de faire de Montjoly un lycée pour jeunes filles et il fut aussi évoqué le transfert du lycée Blaise Pascal après la seconde guerre mondiale. Mais en 1955, le domaine appartenant à l’époque à Monsieur Lasserre est en vente. Un vaste projet immobilier voit le jour : La Tour Perret, qui devait se compser de 800 logements au sein du domaine. Pierre Chatrousse, maire de l’époque est scandalisé. Il réunit son conseil municipal et en Quarante huit heures, fait l’acquisition de Montjoly, au grand dam des promoteurs. La promesse de vente fut signée le 14 mars 1955. Les 150 millions demandés furent versés en trois versements, intégralement récupérés par des bandes de terrain avenue des Thermes et Pasteur, pour l’edification des immeubles en bordure du par cet 16 lots en bordure de la nouvelle avenue de Montjoly pour construction d’immeubles ou villas.
Il resta au bénéfice de l’opération la création de l’avenue de Montjoly, le terrain nécessaire à la construction du groupe scolaire Montjoly et bien sûr le château et son parc à peine amputé. La mairie s’installa définitivement en 1960 et c’est ici que Valéry Giscard d’ Estaing, maire depuis 1967 annonça officiellement sa candidature à la présidence de la République en 1974. Lui succèderont Claude Wolff jusqu'en 2005 puis Louis Giscard d' Estaing.