Rescapé ! C'était le 23 Août 1944, rue des Galoubies

(Paru dans le Journal La Montagne le 26/08/2013)

Rescapé !

Le 23 août 1944, Maurice Beck, Serge Brousse, Yvon chauveix, Robert Meunier et René Pelletan, membres des FFI (Forces Françaises de l' Intérieur) tombent sous les balles allemandes rue des Galoubies à Chamalières. Guy Chauveix, 19 ans à l'époque se souvient avec émotion de ce qui s 'est passé ce matin là.

« Il était 5h30 ce matin du 23 Août 1944. Nous avions quitté la veille le château de Cordès, tout près d' Orcival. Toute la nuit, nous avons chargé du matériel non loin de la mairie de Chamalières et nous devions rejoindre Murol. Les allemands étaient partout, de très nombreuses rues étaient barrées par des chicanes. Nous devions faire de très nombreux détours. Avant notre départ, nous avions reçu l'ordre de ne pas tirer mais nous étions armés. Le convoi se composait de 5 camions et camionnettes. J'étais dans le 3ème, mon frère Yvon dans le dernier. Les allemands ont été surpris par notre arrivée. Ils n'ont pu arrêter que le dernier véhicule où se trouvait mon frère. Au bruit des mitraillettes, j'ai compris qu'une partie du convoi avait été intercepté mais nous avions l'ordre de ne pas nous arrêter et de nous disperser. J'ai eu peur mais je n'ai jamais perdu les pédales. Aujourd'hui, je me dis que si nous n'avions pas été armés, les allemands n'auraient sûrement pas tirés ».

Ils ont été exécutés sur le champ. Le Capitaine Maurice Beck, 33 ans, militaire de carrière, René Pelletan, 33 ans, sous officier de carrière ; Yvon Chauveix, 21 ans ; Robert Meunier 19 ans et Serge Brousse, 17 ans, tous jeunes volontaires des FFI sont conduits par les allemands en salle des missions africaines où est cantonné une compagnie du 95ème Régiment SS sous le commandement du Capitaine Schuck. L'interrogatoire est bref. Les 5 hommes sont fusillés sur le champ et enterrés sur l'ordre d'un officier zélé, un certain Kleiss.

« Au sein de la résistance, confie Guy Chauveix, nous étions très prudents. Nous avions tous de faux prénoms. Si l'un de nous se faisait arrêter, il fallait, même sous la torture, qu'il soit dans l'incapacité de fournir des informations sur les autres résistants et leur famille. Je me souviens, une jeune femme était éperdûment éprise d'un certain Georges, résistant comme nous. Elle n'a jamais pu le retrouver car personne ne connaissait sa véritable identité. »

Le même jour, vers 20h, les corps des cinq résistants furent déterrés et transportés à l'atelier de chargement de l'arsenal des Gravanches à Clermont-Ferrand où, selon le témoignage des trois sous-officiers allemands, ils ont été enterrés une seconde fois. 

Après de nombreuses recherches et fouilles demandées par les parents des victimes, les cinq corps furent exhumés le 3 mars 1949 en présence des familles et des autorités locales. Les obsèques furent célébrées le 7 mars 1949 en la cathédrale de Clermont-Ferrand.

 

« Du lait comme le plus beau des cadeaux »

« Ce n'était pas facile de vivre dans le maquis, souligne Guy Chauveix. Nous avions souvent très faim. Je me souviens d'une fois, aux alentours de Brioude, une paysanne nous avait offert tout le lait de ses vaches. Nous n'avions pas mangé depuis plusieurs jours et c'est pour moi le plus beau cadeau que j'ai reçu pendant la guerre. Sans carte de STO, nous n'aions pas droit aux tickets de rationnement. On se débrouillait. Si je raconte tout cela aujourd'hui, c'est pour la mémoire et le respect envers mon frère qui n'a pas eu la même chance que moi et ceux qui sont tombés pour la France. Je suis le seul rescapé du convoi des Galoubies. Rescapé...