Le Parc Bargoin

Le printemps arrive à grands pas et le jardin se fait une beauté pour accueillir les nombreux visiteurs qui afflueront dans les prochains jours. Les bulbes pointent un peu plus que le bout de leur nez, l'abricotier sur la partie basse est déjà en fleurs. Il reste à croiser les doigts pour qu'une nuit de gel n'anéantisse pas la beauté de ces massifs bigarrés.

D'après Monsieur Portmann, responsable de l'entretien du parc, “la végétation a trois semaines d'avance, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle car nous ne sommes pas à l'abri de fortes chutes de températures.”Ce parc arboré de 8 hectares se situe sur la commune de Chamalières. Il est cependant géré et entretenu par le Conseil Général du Puy de Dôme.

Aux origines : Jean - Baptiste Bargoin, né à Vic le Comte en 1813. Ce pharmacien de la rue Balainvilliers à Clermont-Ferrand fait fortune, associé au naturaliste et ami Henri Lecoq dans la fabrication du café du “Gland Doux”. Cette aisance financière et sa passion pour la botanique lui permettent d'entretenir ce parc et de résider dans le château de Bellevue construit en 1780 situé en son coeur. La partie haute à l'époque est paysagère et la partie basse essentiellement composée de vignes, de fruitiers et d'une cressonnière. Homme ingénieux, il conçoit tout un système d'irrigation souterraine provenant d'une source voisine permettant un arrosage sans effort et gratuit. Depuis 2008 , ce système d'irrigation souterraine est généralisé sur l'ensemble du parc.

Ce veuf est père de deux garçons, Jocelyn et Edmond qui mourront tous deux prématurément de tuberculose. A sa mort en 1882, sans descendant, il lègue ce domaine au département du Puy de Dôme avec cependant quelque obligations : “Le parc portera son nom à tout jamais, la propriété sera inaliénable et ne saura jamais faire l'objet d'une spéculation, elle sera totalement transformée en beau parc et les guinguettes y seront interdites. Ce sera un lieu de promenade pour les gens paisibles.” Ceci explique pourquoi aujourd'hui, il n' y a aucun café malgré une remarquable vue ni aucune aire de jeux, ni vélos, rollers ou trottinette.

Cependant, depuis quelques années, 4 moutons, 2 lapins et une quinzaine de poules y côtoient les écureuils et les cabanes à insectes et carpes koï du bassin. Par contre, les chenilles processionnaires ne sont pas les bienvenues.“Ces chenilles extrêmement urticantes ont fait leur apparition en 2005 dans le parc, explique Monsieur Portmann, peut être à cause d'un climat plus doux. Elles font des cocons en haut des pins, à 30m de haut, descendent au printemps, en procession pour aller se loger dans la terre et devenir papillon. Elles représentent un danger pour le public et les animaux. Nous avons une vingtaine de pins. L'élagage est une solution mais nous utilisons des pièges. Nous les installons en février. Elles descendent le long d'une goulotte et entrent dans un sac contenant du terreau. Ce sac est placé à 3m de haut. C'est à l'heure actuel le piège le plus efficace”.

Ce sont au total 13 000 fleurs annuelles réparties sur 2 serres attenantes et 12 000 bulbes plantés dans le parc chaque année par les 6 jardiniers et un apprenti. Les plantes vivaces sont achetées. Le parc est aussi composé de 900 arbres de 60 espèces différentes parmi lesquelles l'un des séquoias centenaires, des cèdres du Liban, des Ginkgo Biloba et un érable répertorié comme l'un des plus gros de France (250 ans, 7m de circonférence). De nouvelles essences sont également plantées chaque année.“Nous enrichissons la terre à chaque plantation, pulvérisons d'engrais à libération lente, de substrat et d'amendement organique. Nous n'utilisons plus de produits phytosanitaires sauf en serre et nous désherbons à la main aidés par le paillage, la binette électrique. “